Alexandra Kankeleit


Kaiserzeitliche Mosaiken in Griechenland
Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn
Professeur Nikolaus Himmelmann (1994)

Le but de ce travail est l´étude systématique de l´art de la mosaïque d´époque impériale (1er au 3ème siècle) en Grèce. Ce domaine reste largement inexploré et notre étude doit fournir une base de départ pour des recherches plus approfondies.
La signification et le style des mosaïques ont été analysés:
L´étude du contexte architectural a montré, comme on s´y attendait, que les pavements en mosaïque particulièrement précieux proviennent normalement de pièces couvertes et fermées. Le décor des pavements ne donne que dans un petit nombre de cas des renseignements sur la fonction de la pièce à laquelle ils appartiennent. Seule l´organisation en T montre qu´il s´agit d´un triclinum . C´est au moins le cas pour six mosaïques, qui n´ont pourtant pas de points communs en ce qui concerne l´arrangement et l´alignement des panneaux.
Beaucoup de bâtiments présentent une cour intérieure. L´impluvium central est souvent entouré de mosaïques géométriques, dans lesquelles sont parfois insérés des panneaux avec des motifs figuratifs. Le décor géométrique et les panneaux figuratifs sont le plus souvent disposés de façon symétrique autour du bassin. Ainsi l´unité de la pièce est-elle sauvegardée. Les pavements des portiques, des galeries et des couloirs sont organisés différemment. On a très rarement un décor de mosaïque homogène dans un portique qui entoure une cour, sans parler d´une composition symétrique. Dans chaque portique il y a un panneau rectangulaire indépendant, qui est, de nouveau, subdivisé en plusieurs petits tapis avec des motifs différents. L´assemblage et l´ordre de certains dessins semblent plutôt aléatoires.
Le plus souvent on rencontre les mosaïques dans l´architecture privée, mais il y a aussi quelques exemples qui proviennent de bâtiments publics (théâtres, sanctuaires et thermes). Le décor des mosaïques des théâtres et des sanctuaires a rarement une relation avec la fonction du bâtiment. Dans deux cas seulement, les mosaistes ne se sont pas contentés de copier des types figuratifs communs, mais ils ont développé des créations originales, qui font allusion à la signification de l´édifice (l´odéon d´ Argos et le sanctuaire de Déméter sur l´Acrocorinthe).
La classification du matériel a été faite à partir des schémas de compositions du matériel. On peut, tout d´abord, distinguer trois grands groupes. Les compositions concentriques sont caractérisées par un panneau central, nettement détaché, et des zones symétriquement disposées en bordure. Beaucoup de mosaïques ont la même organisation de décor que dans les exemples hellénistiques: au centre se trouve un tableau figuratif qui est entouré de bordures aux motifs divers (poste, astragale, rinceau etc.).
A l´époque romaine se manifestent aussi d´autres possibilités de composition qui ont vraisemblablement, pour la plupart, leurs racines en Italie. C´est le cas des tripartite mosaics (Dreifeldermosaiken), des Zentralkompositionen aus einem Bandkreuzgeflecht (carré flanqué de quatre rectangles latéraux et tangeant à quatre carrés en encoignure) et des méandres continus avec des tableaux insérés. Pour ces compositions, on ne trouve pas de parallèles en Grèce à l´époque hellénistique.
C´est aussi le cas pour les compositions diagonales, qu´on voit pour la première fois à Pompéi. Ces compositions présentent des relations étroites avec les moulures et les peintures de voûtes dans l´architecture romaine. En Grèce, on peut distinguer quatre groupes différents: les roues à plusieurs rayons, des compositions diagonales indiquées par des rinceaux, les octogones étoilés et des compositions avec un grand cercle central, quatre demicercles latéraux et des quarts de cercles déterminant des carrés curvilignes.
On trouve plus rarement en Grèce à l´époque impériale des compositions compartimentées (Medaillonstil). Les décors géométriques de surface ont en effet une grande popularité et ils sont très variés; pourtant les motifs figurés dans des panneaux qui sont uniformément joints sont assez rares. C´est à partir du 3ème siècle après J.-C. seulement, que les compositions des rubans intersécants, les looped circles, deviennent plus en vogue. Les cercles et les panneaux polygonaux à côtés concaves, qui en résultent, sont souvent décorés d´ éléments figuratifs de petite taille.
L´étude typologique des compositions a conduit à la conclusion suivante: si, à l´époque impériale, survivent des traits distinctifs hellénistiques se développe en même temps un grand nombre de nouvelles possibilités qui découlent en grande partie de l´architecture nouvelle.
Dans de nombreux cas, les premières impulsions viennent d´Italie. Mais sur le territoire grec, au moins, se manifestent relativement vite des préférences pour des techniques; des compositions et des ornements précis apparaissent qui évoluent selon les goûts prédominants. On notera qu´il n´existe pas en Grèce de mosaïques décorées dans le style fleuri (seule exception peut-être à Didymoteicho, Plotinopolis) et que les "compositions libres" sans lignes de séparation n´ont pas de succès.
Un petit nombre de mosaïques portent des motifs figuratifs blancs et noirs qui évoquent généralement l´eau. Les décors blancs et noirs sont souvent combinés avec des tableaux ou des tapis ornementaux polychromes. Grâce au contraste entre les bordures blanches et noires et le panneau principal au centre, on a une impression générale d´harmonie. La coloration réservée aux parties secondaires souligne l´importance de la scène figurée au centre. A l´inverse, il n´y a apparemment pas de mosaïques avec tableau central en blanc et noir et bordure polychrome. Même les mosaïques purement géométriques présentent parfois un tapis central qui est accentué par une couleur supplémentaire (par exemple dans les thermes de Cladeos à Olympie). On trouve encore en Grèce des décors géométriques et des motifs figuratifs blancs et noirs sur des mosaïques de la fin de l´époque romaine. C´est pour cette raison, qu´il faut user de la plus grande prudence si on veut utiliser la couleur d´une mosaïque comme critère de datation. Elle est à peine significative si il y a seulement un fragment du pavement, parce que la même mosaïque peut avoir eu plus d´un décor simple blanc et noir, des compositions polychromes qui semblent presque baroques. C´est pour cette raison qu´il faut, par principe, déconseiller de dater sans réserve toutes les mosaïques blanches et noires au 1er ou au 2ème siècle.

A partir d´une série de mosaïques plus ou moins datables, j´ai essayé dans ma thèse de créer une base chronologique et de dégager les caractéristiques des différentes époques. Il est apparu clairement que la production essentielle des mosaïques ne commence qu´au 2ème siècle ap. J.-C. Les fouilleurs ne datent que très peu de mosaïques du 1er siècle ap. J.-C. Malgré quelques points communs avec les mosaïques de Délos, qui sont datées des environs de 100 av. J.-C., la différence stylistique et technique n´est pas négligeable.

L´analyse stylistique a montré qu´au 2ème siècle ap. J.-C., on préfère des formes claires et des compositions faciles à comprendre. Les pavements se distinguent par un "silence classique" et l´unité intérieure. Les décors géométriques sont souvent rendus par des lignes monochromes sur fond blanc. Les motifs de remplissage ne se détournent pas de la composition propre. Même sur de grandes surfaces, le changement radical de plusieurs systèmes de décoration est évité. On trouve assez rarement des dessins avec effet de perspective. Les panneaux avec un décor figuratif sont accentués par des tesselles plus petites et une gamme chromatique plus riche pour les zones du cadre et ressemblent ainsi à des "emblemata". Les représentations font normalement appel à un domaine thématique de l´iconographie antique (par exemple Dionysos et sa suite, les thyases marins, les épisodes mythologiques et les combats d´animaux).
A partir du troisième quart du 2ème siècle, le besoin de couvrir le pavement le plus possible, avec toutes sortes de décors et de scènes figuratives s´impose. Les motifs figurés ne sont plus limités à la zone centrale, mais occupent, toujours davantage, les panneaux du cadre ou les bordures extérieures. La plénitude des motifs et la couleur du fond qui alterne donnent une impression d´agitation générale. Les figures représentées suivent l´agrandissement du format et arrivent même parfois à être grandeur nature. La tendance au monumental est une autre expression de la démesure qui caractérise cette époque. On en voudra pour preuve des tableaux de grand format avec des groupes de figures disposées symétriquement.
Pendant le 3ème siècle on combine des types figuratifs traditionnels (par exemple Dionysos, Pâris, Phthonos et les Heures) avec des sujets typiquement romains (par exemple les scènes de l´arène et le suovetaurilium). Les mosaïques offrent une grande abondance d´informations et supposent, dans quelques cas, une considérable capacité de combinaison de l´observateur. On n´accorde plus d´importance à une représentation soignée dans les détails.
Dans la première moitié du 3ème siècle on trouve sur quelques mosaïques de qualité des figures humaines rendues avec une grande plasticité, tandis que sur des mosaïques plus tardives, le volume des corps ne l´est que de facon sommaire. A partir du trait qui est, la plupart du temps, d´une couleur sombre, l´objet représenté est rempli avec des files de tesselles disposées schématiquement. Les zones de lumière et d´ombre se limitent à des tranches rectangulaires, sans considération de l´anatomie. Le contour d´un seul bloc et la frontalité prononcée des figures sont caractéristique du 3ème siècle ap. J.-C. Les mouvements semblent raides. Ce developpement conduit finalement à l´abandon des grandes tableaux figurés.
Au 4ème siècle ce sont surtout les décors géométriques de surface qui dominent. Seuls, très peu de pavements ont des grands panneaux avec des scènes figuratives élaborées. Dans ces cas il s´agit principalement de compositions où l´influence de l´Afrique du Nord est visible (par exemple à Andania, Chios et Argos, Odos Tripoleos). En Grèce, au cour du 4ème siècle, la tendance de mettre des représentations figurées plus significatives sur le murs apparait toujours davantage.

Inauguraldissertation zur Erlangung der Doktorwürde an der Rheinischen Friedrich-Wilhelms-Universität zu Bonn (1994)